Présentation des livres lus en février
L’art de perdre / Alice ZENITER (Flammarion, Goncourt des Lycéens) – Présenté par Cécile
"L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps
été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une
société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir
la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une
histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort
avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un «
harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une
langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été
1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de
l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse,
Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l'Algérie, des générations
successives d'une famille prisonnière d'un passé tenace. Mais ce livre est
aussi un grand roman sur la liberté d'être soi, au-delà des héritages et des
injonctions intimes ou sociales". (4e de couverture)
Belle découverte pour
Cécile (comme ça l’avait aussi été pour Anne-Marie et Christine). On y retrouve
des thématiques qui sont (malheureusement) toujours d’actualité. Pour Cécile,
ce texte permet de mieux comprendre à quelles difficultés sont confrontés les
jeunes issus de familles immigrées. Elle remarque aussi comment ces parents
peuvent perdre tout crédit aux yeux de leurs enfants (par exemple, le jeune
Hamid ressent une certaine honte face à son père qui, ne comprenant pas le
français, se fait rouler par tous, lui y compris).
La tresse / Laetitia Colombani (Grasset) – Présenté par Cécile
"Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même
soif de liberté.
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve
de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l'école.
Sicile. Giulia travaille dans l'atelier de
son père. Lorsqu'il est victime d'un accident, elle découvre que l'entreprise
familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être
promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu'elle est gravement
malade.
Liées sans le savoir par ce qu'elles ont de plus
intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur
est réservé et décident de se battre. Vibrantes d'humanité, leurs histoires
tissent une tresse d'espoir et de solidarité." (4e de couverture)
Ce livre a plu à Cécile
comme il avait plu aux autres personnes l’ayant lu. Les personnages sont tous
attachants et on s’attache particulièrement au sort de Smita et de sa fille qui,
en tant qu’Intouchables, vivent dans des conditions inhumaines.
Une maison bruxelloise
/ Valentine de le
Court (Mols) / Présenté par Gilbert et Annie
« Si Paulo avait été autre chose qu'un
pauvre type, Maria-Fernanda n'aurait pas dû quitter le Brésil et jamais elle
n'aurait posé les pieds dans une maison bruxelloise. Hélas pour elle, il était
le champion du monde des abrutis.
Mère de
famille, devenue femme de ménage par nécessité, Maria-Fernanda sera engagée
d'une façon rocambolesque pour s'occuper de la demeure d'une famille
énigmatique dont les membres se laisseront peu à peu approcher au travers d'un
foulard parfumé, d'un vase ou d'une lettre oubliée.
Mais que lui
veulent-ils en définitive ? Que cherche Maria-Fernanda dans les couloirs ?
La réalité
a-t-elle quoi que ce soit en commun avec ses rêveries ? » (4e de couverture)
Pour Gilbert, l’idée de départ est bonne et
il y a du suspense. Il est par contre déçu par la fin où rien n’est expliqué,
les choses sont tout au plus suggérées.
Il est également déçu par la langue (nombreuses erreurs) et par des
essais de passages poétiques qui ne l’ont pas convaincu (« le petit vélo
de ses pensées » par exemple).
Marie-Christine, qui avait également lu ce
livre, nous a parlé de Vacances obligatoires
en famille de la même auteure et souligne plusieurs erreurs de langue. Le
nom d’un des personnages change même au cours du récit…
L’ordre du jour / Eric Vuillard (Actes Sud) / Présenté par
Gilbert et Annie
« Éric Vuillard retrace les événements et
les coulisses de l'Anschluss, lorsque la Wehrmacht entre triomphalement en
Autriche, et s'interroge sur les fondements des premiers exploits de l'armée
nazie, entre rapidité, modernité, marchandages et intérêts ». (Electre)
Gilbert et Annie soulignent tous les deux la
qualité du texte d’Éric Vuillard. Ils soulignent aussi son courage car il
s’agit d’un livre très engagé (notamment, courage vis-à-vis des industriels qu’il
cite). Ce livre leur parait toujours
actuel car ce qui est dénoncé n’est pas sans rappeler ce qui passe actuellement
avec la Syrie. L’auteur s’attarde sur de petits détails, mais significatifs. Il
manie également très bien l’ironie. Pour Gilbert, si Chaplin accusait avec des
images, ici Vuillard dénonce aussi fortement avec des mots. Un Goncourt qui
fait donc l’unanimité jusqu’à présent (Annie, Gilbert, Anne-Marie et
Christine).
Les huit montagnes / Paolo COGNETTI
(Stock, Prix Strega et Prix Médicis étranger) – Présenté par Marie-Christine
« Quel que soit notre destin, il habite les
montagnes au-dessus de nos têtes. »
"Pietro est un garçon de
la ville, Bruno un enfant des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès
leur rencontre à Grana, au cœur du val d'Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets
de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers, puisant
dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié.
Vingt ans plus tard,
c'est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de
se réconcilier avec son passé - et son avenir.
Dans une langue pure et
poétique, Paolo Cognetti mêle l'intime à l'universel et signe un grand roman
d'apprentissage et de filiation." (4e de couverture)
Marie-Christine a aimé ce roman qui l’a transportée en montagne car
les descriptions faites par l’auteur sont incroyables. Dans ce texte, on évoque
la montagne et la nature sauvage, mais aussi abandonné et qui, chez les jeunes
Italiens, commence à présenter à nouveau un attrait en comparaison de la ville.
On y parle aussi d’amitié et de la relation enfant-parents et, plus particulièrement,
de celle entre l’enfant et le père. Se pose alors cette question : comment
trouver sa voie avec un père despote (mais aussi sa place de femme auprès d’un
tel époux).
Mon étrange sœur / Marie le Gall (Grasset)
– Présentée par Anne-Marie
Marie le Gall raconte son histoire, liée à celle de sa grande
sœur, de 19 ans plus âgée qu’elle. Cette grande sœur, que tout le monde regarde
dans le village, est différente. A une époque où les troubles mentaux sont
encore mal étudiés / traités (l’auteure est née en 1955), la jeune fille se
retrouve ballotée d’institutions religieuses en hôpitaux psychiatriques aux
traitements douteux.
Pour Anne-Marie, c’est
un récit assez dur (cette « grande sœur » est autant adorée que
détestée à cause de sa différence). Ça l’est d’autant plus que cette histoire
est plus ou moins autobiographique. Et que cette « grande sœur » est
plus que probablement la mère de l’auteure.
Nos richesses / Kaouter ADIMI
(Seuil, Prix Renaudot des Lycéens) – Présenté par Anne-Marie
Il s’agit d’un livre
qui évoque le monde de l’édition, mais aussi la guerre d’Algérie. Deux récits s’enchevêtrent dans ce roman.
Celui de la vie d’Edmond Charlot qui, en 1935, ouvre une petite librairie/
maison d’édition à Alger et qui inaugure son catalogue en publiant le texte
d’un auteur encore inconnu : Albert Camus… Cette partie est présentée sous
la forme d’un journal où il consigne ses espoirs mais aussi ses déconvenues
(manque de papier durant la guerre, manque de moyens et de soutien).
Le second récit se
passe dans l’Algérie contemporaine et fait se rencontrer Ryad, un jeune
étudiant à Paris et Abdallah, le dernier gardien de cette petite
librairie/bibliothèque qui va fermer ses portes et que Ryad doit vider…
Tout comme pour Christine, ce roman manque de relief et de détails pour
Anne-Marie. On y parle bien culture et littérature, mais on aurait voulu en savoir plus, par exemple sur la vie d'Edmond Charlot qui est tout de même une des grandes figures du monde de l'édition.
Le cercle / Dave EGGERS (Gallimard) – Présenté par Christine
"Quand Mae Holland est embauchée par le
Cercle, elle n'en revient pas. Ce géant d'Internet relie e-mails, réseaux
sociaux et transactions bancaires dans un système universel, clé de voûte d'une
société numérique prônant la civilité et la transparence. Mae se passionne pour
son nouveau travail - même s'il l'absorbe entièrement, l'éloignant de ses
proches, et même si elle s'expose aux yeux du monde en participant au dernier
projet du Cercle, une avancée technologique aussi considérable
qu'inquiétante...
Ce qui ressemble
d'abord au portrait d'une femme ambitieuse devient rapidement un roman au
suspense haletant, qui étudie les liens entre vie privée et addiction aux
réseaux sociaux, et interroge les limites de la connaissance" (4e de couverture)
Pour Christine, c’est un roman intéressant et qui donne à réfléchir sur
un futur possible. L’entreprise « Le cercle » fait clairement
référence à la société Google où, sans aller jusque dans les excès décrits dans
cette dystopie, tout est fait pour que les employés vivent et pensent
« Google ». Un des points forts du texte est de montrer comment, avec
des arguments qui semblent terriblement logiques, acceptables et
« sécurisants », on arrive à prendre le contrôle de la vie et de la
liberté des personnes (la sécurité et la santé contre la transparence de nos
vies). Son point négatif : quelques longueurs et répétitions, mais
celles-ci rendent bien l’impression oppressante du Cercle.
L’homme nu ou la
dictature invisible du numérique / Marc DUGAIN et
Christophe LABBE (Plon puis Pocket) – Présenté par Christine
"On les appelle les big data.
Google, Apple, Facebook, Amazon, ces géants du numérique qui aspirent, à
travers Internet, smartphones et objets connectés, des milliards de données sur
nos vies.
Derrière cet espionnage
existe un « pacte secret » scellé par les big data avec l'appareil de
renseignement le plus redoutable de la planète. Ensemble, ils sont en train
d'enfanter une entité d'un genre nouveau, une puissance mutante qui ambitionne
ni plus ni moins de reformater l'Humanité.
Pour les big data,
la démocratie est obsolète, tout comme ses valeurs universelles. C'est une
dictature inédite qui nous menace : une Big Mother bien plus terrifiante encore
que Big Brother". (4e de couverture)
Christine a aimé ce documentaire certes alarmiste mais intéressant. Les
auteurs nous montrent comment, sous le « bon » prétexte de rendre le
monde plus sûr (et en cela, le terrorisme est une aubaine) et plus sain
(meilleur contrôle de notre santé), quelques grandes sociétés prennent le
contrôle du numérique, et par conséquent de nos vies. Ils montrent également que, même si on pense
être très discrets, nous laissons tous de nombreuses traces sur Internet et
posent la question suivante : la transparence est-elle forcément synonyme d’honnêteté ?
Le texte est accessible à tous et émaillé de nombreux exemples et anecdotes
surprenantes !
Le jour du chien / Patrick BAUWEN (Albin Michel) – Présenté par Christine
« Chris Kovak,
médecin charmeur, s'est retrouvé veuf lorsque sa femme a été sauvagement
assassinée trois ans plus tôt. Un soir, alors qu'il rentre chez lui, il assiste
à une agression et reçoit une balle. La scène est filmée par un téléphone
portable. Quand il se réveille à l'hôpital et qu'il voit la vidéo, il se rend
compte que sa femme était là, bien vivante. » (Electre)
Christine a apprécié ce thriller très rythmé, au dénouement toujours
plus complexe de chapitre et chapitre. Elle a également apprécié découvrir le
Paris souterrain et mystérieux, avec ses galeries et catacombes. De plus, le
personnage principal étant médecin urgentiste (tout comme l’auteur), il utilise
d’autres ressources que les policiers, ce qui donne un éclairage intéressant à
l’enquête.
Les fantômes du vieux pays / Nathan HILL (Gallimard) – Présenté par Christine
"Scandale aux États-Unis : le gouverneur Packer,
candidat à la présidentielle, a été agressé en public. Son assaillante est une
femme d'âge mûr : Faye Andresen-Anderson. Les médias s'emparent de son histoire
et la surnomment Calamity Packer. Seul Samuel Anderson, professeur d'anglais à
l'Université de Chicago, passe à côté du fait divers, tout occupé qu'il est à
jouer en ligne au Monde d'Elfscape. Pourtant, Calamity Packer n'est
autre que sa mère, qui l'a abandonné à l'âge de onze ans. Et voilà que
l'éditeur de Samuel, qui lui avait versé une avance rondelette pour un roman
qu'il n'a jamais écrit, menace de le poursuivre en justice. En désespoir de
cause, le jeune homme lui propose un nouveau projet : un livre révélation sur
sa mère qui la réduira en miettes. Samuel ne sait presque rien d'elle ; il se
lance donc dans la reconstitution minutieuse de sa vie, qui dévoilera bien des
surprises et réveillera son lot de fantômes." (4e de couverture)
Christine a
aimé cette fresque romanesque ancrée dans l’histoire des États-Unis de ces 50
dernières années. Nathan Hill sait faire preuve d’humour, notamment lorsqu’il
décrit l’exécrable gouverneur qui ne peut que faire penser à Donald Trump. C’est
aussi un roman sur la perte, l’abandon (enfant, le narrateur a été abandonné
par sa mère), la solitude, le besoin et la difficulté d’être ensemble. L’auteur
parle aussi très bien du monde de l’édition (où le scandale prime sur la
vérité) et celui du jeu vidéo (et des addictions qu’il provoque).
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