« Entre l’asile et
la prison, on mettait à la Salpêtrière ce que Paris ne savait pas gérer :
les malades et les femmes ».
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Le bal des folles / Victoria MAS (A. Michel, 2019, 250p.) |
Fin 19e à l’hôpital
de la Salpêtrière, le bal annuel occupe l’esprit de la majorité des
pensionnaires. Ce grand bal costumé, organisé sous l’égide de Charcot, est un
moment important de la vie mondaine parisienne. Entre répulsion et curiosité, bourgeois et notables se pressent pour
observer les aliénées, espérant secrètement que l’une d’elles aura une de ces
fameuses crises d’hystérie….
Au milieu de cette
agitation, Victoria Mas dresse le portait de 3 femmes touchantes et en
recherche d’émancipation:
- Louise, la plus jeune
des aliénées, encore si naïve ;
- Eugénie, fille
dérangeante d’un notaire bien-pensant ;
- Geneviève, infirmière
dévouée au grand Charcot,
Trois femmes se
retrouvant un jour enfermées, soit à cause de la violence des hommes, soit sur
décision d’un homme : « aucune femme n’a jamais la totale certitude
que ses propos, son individualité, ses aspirations ne la conduiront pas entre
ces murs redoutés » (p. 38)
Victoria Mas ne s’attarde
pas sur le travail de Charcot. Si la Salpêtrière a été « un dépotoir pour
toutes celles nuisant à l’ordre public […] une prison pour toutes celles
coupables d’avoir une opinion » (p. 37), l’arrivée de Charcot a permis d’effectuer
un tri parmi les patientes et de faire évoluer la recherche sur l’hystérie et
les maladies neurologiques. Le don particulier d’Eugénie permet également à la
romancière d’aborder le spiritisme, qui fascine alors une partie de la société
et d’évoquer « Le livre des Esprits » d’Allan Kardec, personnage qui
amène une vision plus progressiste, notamment en ce qui concerne la femme.
Un roman féministe,
certes, mais plus simplement un roman qui revendique la liberté, le libre choix
de son destin et de ses croyances.