« Il s'appelait Denis. Il était enchanté. Nous ne nous connaissions pas. Enfin, de toute
évidence, je ne le connaissais pas, mais lui savait fort bien qui j'étais. »
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Les yeux rouges / Myriam LEROY (Seuil, 2019, 187 p.) |
Que faut-il faire ? Répondre serait l’encourager, ne pas répondre prendre le risque d’être cataloguée comme « hautaine ». Quoi qu’elle fasse, la narratrice est déjà prise au piège.
Et c’est ce mécanisme du harcèlement, à la fois insidieux et implacable que M. Leroy va dérouler dans le reste du roman.
D’élogieux, les messages de Denis se font de plus en plus insistants et insultants. Tout est bon pour dénigrer la journaliste de manière publique. Le pire étant peut-être tous ces inconnus que ces posts font rire, qui les « like » et y vont de leurs petits commentaires. La frontière entre harceler et cautionner est plus mince qu’il n’y parait.
Quant à ses amis, ils sont pleins de bon sens : « ne lis pas », « il n’en vaut pas la peine », « lâche prise »… Autant de bons conseils que la narratrice, plongée peu à peu dans la dépression et l’isolement, ne peut appliquer. S’inspirant de son propre vécu, Myriam Leroy nous livre un récit fictionnel moderne, tant dans son écriture que dans le thème. Son style, à la fois simple et percutant, nous donne l’envie de lire le roman d’une traite ! Si l’utilisation du discours rapporté permet de garder
une certaine distance, le rythme va crescendo, instaurant un malaise de plus en plus fort chez le lecteur.
Et ce malaise nous fait aussi réfléchir : n’avons-nous pas déjà été les spectateurs passifs de ce genre d’harcèlement ? N’avons-nous pas tous déjà lu les publications et commentaires de ces harceleurs ? Ces « salauds ordinaires » qui, le plus souvent, sévissent en meutes et ont évidemment, un avis éclairé sur tous les sujets sensibles...
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